Le 16 octobre2024, Aram Mardirossian était l’invité de notre émission La Véritable Histoire de France animée par Nicolas Stoquer sur GPTV, afin de se remémorer qui était véritablement Charlemagne.
Aram Mardirossian, professeur à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, est un historien et juriste franco-arménien. Il est reconnu pour ses travaux sur le génocide arménien et la protection des chrétiens d’Orient. En tant que défenseur des droits de l’homme, il critique la négligence de l’État laïque français envers la christianophobie croissante. Son engagement s’étend à la défense du patrimoine religieux et des croyances chrétiennes, notamment face aux crimes haineux et aux profanations.
Charlemagne : une réécriture de l’Histoire par les européistes modernes
Dans un effort de légitimation politique, les européistes se livrent à une révision de l’histoire qui sert à justifier l’idée d’une « Europe unie » dès les débuts du Moyen Âge. L’un des exemples les plus frappants est la figure de Charlemagne, souvent dépeint comme le « père de l’Europe ».
En réalité, cette relecture vise à façonner un mythe fondateuren proposant une continuité historique fallacieuse entre l’époque médiévale et les institutions supranationales actuelles. Pourtant, rien dans les actions de Charlemagne ne laisse présager un projet de construction européenne au sens moderne.
Son ambition était avant tout religieuse et impériale, enracinée dans une vision chrétienne de l’ordre divin, bien loin des idéaux sécularisés et supranationaux d’aujourd’hui. En transformant Charlemagne en précurseur de l’union européenne, les idéologues modernes cherchent à légitimer des structures politiques contemporaines, tout en déformant les faits historiques.
Charlemagne : un roi chrétien au service de la renovatio imperii
Charlemagne était avant tout un roi chrétien, investi d’une mission de propagation de la foi catholique en Europe occidentale. Ses campagnes militaires, bien que souvent violentes, visaient à renforcer la chrétienté face aux menaces païennes et islamiques.
Charlemagne se percevait comme l’héritier légitime de l’Empire romain d’Occident, cherchant à restaurer ce qui avait été perdu avec la chute de Rome en 476. Cette renovatio imperii se concrétise en 800, lorsque le pape Léon III le couronne empereur. Ce geste, loin de préfigurer une « union européenne », est surtout un symbole religieux, qui marque la soumission de l’empereur à l’autorité pontificale.
Un empire éclaté : l’échec du modèle carolingien
Bien que Charlemagne ait étendu son pouvoir sur une vaste partie de l’Europe occidentale, son empire n’a jamais réussi à devenir un État centralisé. Il reposait sur un système féodal, où le pouvoir se dispersait à travers des alliances personnelles et des fidélités dynastiques. Cette fragmentation s’est intensifiée sous ses successeurs, incapables de maintenir l’unité que Charlemagne avait construite.
L’empire carolingien s’effondre rapidement après sa mort, fragmenté par des guerres internes et l’absence d’une administration centrale efficace. Contrairement aux États modernes, l’empire de Charlemagne n’était pas soutenu par des institutions stables, mais par des liens de vassalité instables.
Cet échec montre que Charlemagne n’a jamais posé les bases d’un État durable ni d’une « Europe unie ». Il reste un souverain ancré dans une logique impériale, différente des modèles étatiques modernes.
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Published on 2 months, 3 weeks ago
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